Des herbes hautes qui ondoient au gré des vents, des fleurs qui viennent éclore au fil des saisons, le vert des prés qui touche le bleu du ciel : c’est un toit.
Mettre une prairie sur sa maison ne relève ni du conte ni du rêve, mais répond aujourd’hui au besoin urgent de protéger l’homme et sa planète : elle isole du froid et du chaud, économise l’énergie, stocke le carbone, purifie l’air, absorbe la pollution, réduit les risques d’inondation, protège du bruit…
Après nous avoir fait découvrir la tradition et le renouveau des toitures-prairies en Europe, Thierry et Marie-F. Houdart, qui font pousser l’herbe sur les toits depuis de nombreuses années, nous expliquent leurs techniques.
Sur les constructions rurales et urbaines, traditionnelles ou contemporaines, anciennes ou nouvelles, la prairie va pouvoir recouvrir nos toits, même les plus pentus. Notre environnement sera alors plus beau et plus sain.
Pour T. et MF. Houdart, l’exemple est venu des pays nordiques qui ont gardé et font même aujourd’hui revivre un type de couverture connu depuis des siècles, voire même des millénaires, dans un bon nombre d’autres pays d’Europe qui eux, l’ont totalement oublié, la terre engazonnée. Et pour cela deux méthodes : dans la première, il s’agit de poser, sur l’étanchéité adaptée, une couche de 15 à 20 cm de terre qui sera ensuite ensemencée ; dans la deuxième, il s’agit d’y disposer, l’une sur l’autre, deux couches de plaques de terre couverte de prairie, l’une herbe vers le bas, destinée à se décomposer et à faire de l’engrais vert , l’autre herbe vers le haut, qui ainsi verdira tout de suite le toit. Ces plaques, qu’on appelle au sens propre des « glèbes », sont découpées soit mécaniquement (il existe des « déplaqueuses d’herbe »), soit manuellement dans une prairie proche (à moins encore qu’on ne préfère acheter des plaques prêtes à poser). En une journée, votre toit est déjà tout vert. Dans les deux cas, il s’agit bien de terre ensemencée, le plus souvent celle de l’environnement immédiat, et non d’alvéoles précultivées.
Elles reposent sur un complexe de deux couches assurant l’étanchéité (une chape bitumineuse soudée protégée par une nappe de protection – en attendant la sortie de matériaux un peu plus écologiques…). Des dispositifs d’arrêts de terre permettent de la fixer sur le toit.
Et maintenant les grandes questions : comment tondre, comment entretenir ? Une toiture n’est pas un terrain de golf. Une fauche annuelle à la débroussailleuse sera suffisante. Quant à l’arrosage, on peut bien sûr arroser (en récupérant les eaux usées par exemple) si on veut garder son toit toujours vert. Mais Thierry et Marie-France Houdart préfèrent les toits qui évoluent en prenant la couleur des saisons, et qui se resèment tout seuls au gré des vents et des insectes qui apporteront le jaune du millepertuis, le mauve du serpolet, le blanc de l’achillée ou de la marguerite, et même le pourpre des lychnis échappés du jardin …Le toit devient alors un vrai tapis fleuri. Et même s’il sèche sous la chaleur d’été, il reverdira aux premières pluies, en même temps que la végétation environnante.
Cette technique, qui suscite un très fort intérêt, est appelée à se développer en France. Elle est adaptée aux toitures en pente, même forte. Pour ceux qui ne souhaitent pas autoconstruire, quelques couvreurs se sont déjà spécialisés dans sa mise en œuvre. Que d’autres les suivent !